Plaza de la Revolución en La Habana |
Le drame cubain se déroule chaque jour sous les
yeux indifférents du monde. Personne ne s’émeut du sort réservé à une nation
sous l’emprise de la tyrannie la plus ancienne d’occident. D’autres problèmes
semblent tellement plus importantes partout ailleurs ! En Europe, nombreux sont ceux qui croient encore à la
version romanesque d’une petite île luttant dignement contre le géant Goliath
des temps modernes. Un mythe soigneusement inventé par quelques intellectuels de
gauche il y a presque soixante ans, mais qui subsiste encore aujourd’hui. Au
départ, grâce aux subventions soviétiques et dernièrement, au pétrole
vénézuélien.
Mais les soutiens économiques dont le régime
cubain bénéficie n’expliquent pas sa longévité. Il manque aussi un sincère
intérêt politique de la part des puissances, commençant par les Etats Unis,
nullement intéressés pour normaliser ses relations avec La Havane malgré l’anti
castrisme officiel des administrations successives. Après tout, compte tenu le
"ras-le-bol" de la population, une occupation massive et peu coûteuse
aurait été depuis longtemps la bienvenue pour régler le "problème", surtout après
l’effondrement de l’Union Soviétique.
Cette solution radicale, apparemment si peu
démocratique n’est pas nouvelle ; d’ailleurs, elle fut choisie par les élites
créoles à la fin du XIX siècle pour en finir avec la Guerre d'Indépendance
contre l'Espagne qui les avait ruinés. Les Etats Unis qui se moquent pas mal de
l’opinion internationale quand elle n’arrange pas ses intérêts, auraient trouvé
sans difficultés des cubains sur leur propre territoire, prêts à endosser la
responsabilité d’un tel régime, en quelques mois, le temps aidant, personne
n’en parlerait déjà plus.
Alors, depuis presque soixante ans aucune invasion
à l'horizon. En attendant, prétextant l'hostilité de Washington, nul principe
démocratique porté par l’occident depuis la fin du fascisme en Europe ne
s’applique là-bas. Pas d’élections libres, aucun droit d’expression ou de
réunion ni d’entreprendre. Le peuple cubain est devenu l’otage des intérêts
géopolitiques qui le dépassent. Cette folie doit cesser.
Un de trois résidents dans l’île a quelqu’un de sa
famille vivant à l’extérieur, soit de façon définitive ou temporelle ; chaque
année, des milliers de personnes au péril de leurs vies, choisissent de
traverser le détroit de la Floride dans des embarcations de fortune pour gagner
la terre promise. Sans oublier les 20 000 cubains qui quittent l’île légalement
pour l’Amérique tous les ans. Les chiffres pour d’autres destinations ne sont
pas connus, mais ils sont toute aussi impressionnants. D’après l’Institut
National des Statistiques cubain (ONE) le solde annuel –négatif- avoisine les
37 000 personnes. A cette hémorragie permanente de ses forces vives et de sa
jeunesse, s’ajoute le nombre des récentes naturalisations, que grâce à la « Loi
pour la mémoire historique » approuvée en Espagne par le gouvernement
socialiste, a permis à 80 000 cubains d’ascendance ibérique d'acquérir la
nationalité espagnole. Au terme de l’opération l’année prochaine, l’ambassade
espagnole à La Havane estime à 160 000 le nombre total des nouveaux sujets de
la couronne vivant sur l'île.
S’il y avait encore des doutes sur la réussite du
Castrisme, ces chiffres prouvent le contraire. Personne n’oserait les contester
d'ailleurs. Le paradis socialiste des caraïbes est en réalité l’enfer de Dante,
une évidence, même pour des nombreux fonctionnaires du régime qui le lâchent
quand ils le peuvent pour s'installer aux E.U.A.
Il est certain qu’il n’y a pas de guerre civile
ouverte à Cuba. Les moyens de répression sont plus subtils qu’en Syrie, mais
ils ne restent pas moins violents. Il est également évident qu’après soixante
ans de castrisme, toute illusion d’assister à la naissance soudaine d’une
société civile saine est un rêve sans espoir, car les cubains ne sont pas
seulement prisonniers du régime, mais aussi et surtout, de la géographie.
Cependant une solution consensuelle existe : faire
devenir Cuba, par referendum, une autonomie espagnole. Légalement rien ne s’y
oppose, le gouvernement autonomique mis en place pour l’Espagne en 1897 peut
être remis à l’ordre du jour, puisque la République déclarée en 1902 a été
imposée par la Armée des Etats Unis ; sans oublier que le Castrisme aussi, a
pris le pouvoir par la force des armes. Aucune consultation populaire n’a pas
été faite à Cuba depuis plus de soixante ans. Les avantages alors, d’un tel dénouement
sont évidents pour les deux nations.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire